Trail au féminin : briser les barrières, changer les modèles en 2025

trailer femmes lors d’une course de trail au féminin à l’UT4M

Trail au féminin : la conférence organisée lors de l’UT4M a abordé les freins à la pratique des femmes, pour changer les modèles et ouvrir le trail à toutes. Corff Mag y a assisté, organisée par Margaux de Grenoble Trail avec un sujet encore trop actuel : comment inviter plus de femmes à pratiquer le trail ?

Une « table ronde » dynamique, portée par quatre invitées engagées et Nicolas Heldenbergh, un animateur à l’écoute, a permis de bousculer quelques idées reçues. L’échange, fidèle aux paroles exprimées, a ouvert des perspectives d’action tout en sortant des constats parfois décourageants.

Un constat partagé : où sont les femmes ?

En introduction, le point de départ est simple : Si l’on parle du trail au féminin, lors des sorties courses organisées ou des trails, la participation féminine reste très faible. Les raisons sont multiples, mais toutes s’enracinent dans une culture et des représentations encore largement à déconstruire.

Des intervenantes engagées au micro

Catharina, chargée de mission pour l’association « Femmes en montagne », a rappelé la sous-représentation, voire l’invisibilité des femmes dans les médias. L’objectif de l’asso ? Créer du changement par des initiatives concrètes, comme le festival Femmes en Montagne à Annecy, le prochai se deroulera du 13 au 16 novembre 2025 pour info ou encore faire de la sensibilisation dans les collèges : « Il semble très important de travailler sur les représentations déjà présentes dans la tête de nos petits collégiens. »

Lisa, traileuse et accompagnatrice en montagne, propose des stages de trail en groupe mixte ou 100 % féminin. Elle observe que sur des sorties organisées, les femmes se sentent plus légitimes que lors des entraînements libres. « Les clubs sont pourtant bien investis par les femmes », note-t-elle, mais l’effet des réseaux sociaux — où la comparaison règne — n’est pas sans conséquences.

Zoé, journaliste chez Alpin Mag et traileuse également, mentionne l’importance croissante que prennent les réseaux sociaux pour donner plus de visibilité à des profils féminins variés. Mais elle rappelle que seules les femmes à ultra-haut niveau sont largement mises en avant : « On se projette sur des personnes qui nous ressemblent, d’où le besoin de rôles modèles plus diversifiés. » Et la médiatisation, loin d’être égale, reste un enjeu déterminant. Pourtant ,les initiatives pour favoriser le trail au féminin se multiplient.

Enfin, Laura, une des organisatrice de l’UT4M et traileuse, partage les résultats d’un sondage mené auprès des participantes à la course : « Ce qui revient en premier pour le trail au féminin ? Le besoin de toilettes séparées sur tous les postes, de serviettes hygiéniques au départ et à chaque étape, et d’une vigilance accrue face aux propos sexistes. » Elle note aussi une progression, avec 25 % de femmes cette année, 5 % sur les épreuves extrêmes, mais 55 % de participantes sur le 20 km Taillefer — mieux que la parité ! À l’UT4M, les lots et les communications sont identiques homme-femme, avec des photos podiums mixtes et des mesures spécifiques : « L’attention portée aux besoins des femmes doit se traduire concrètement ».

Des freins anciens, des solutions neuves pour le trail au féminin

Toutes le constatent : la question de la place des femmes dans le sport devrait être réglée en 2025, mais subsiste, à cause de freins sociaux, familiaux et éducatifs depuis l’enfance. Le modèle patriarcal du trail, où les courses ont longtemps été créées par et pour les hommes, perdure : « Pour rappel, il a fallu attendre 1967 pour qu’une femme, Katherine Switzer, prenne le départ marathon de Boston, elle a tout de même rencontré des embuches mais a réussi a terminer la course »

Inscrite sous ses initiales K.V. Switzer, elle a été agressée par un officiel voulant l’empêcher de courir, mais des coureurs l’ont entourée pour qu’elle puisse terminer la course.
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La question de la sécurité, aussi, reste majeure : « La peur d’être seule en montagne est un réel frein. » Pourtant aujourd’hui, GPS et balises rendent la pratique plus sûre, pour tous. Les obstacles sont souvent intériorisés, nourris depuis toujours : « On nous répète ça depuis la naissance. Il faut normaliser la présence des femmes, seules, en montagne. »

Trail au féminin : Education, sororité et modèles à renouveler

Se projeter, c’est aussi pouvoir s’identifier. D’où l’importance de stages 100 % féminins : « La non-mixité du départ amène la mixité par la suite », soulignent les intervenantes. Ce sont des espaces nécessaires pour oser se lancer. On commence d’abord entre femmes et puis une fois familiarisée on peut intégrer des groupes mixtes. Côté éducation, tout commence à l’école et en famille : apprendre dès le plus jeune âge que la place des femmes dans le sport est une évidence.

Un appel à la confiance et à la régularité

La charge mentale pèse, et la répartition des tâches à la maison est un levier évident. « Dans un monde idéal, il faudrait mieux répartir les tâches pour que les femmes puissent dégager du temps d’entraînement. » Sur les lignes d’arrivée, on voit plus souvent des mères attendre les coureurs que l’inverse. Et si les hommes ont un rôle clé à jouer, « c’est dans la vie de tous les jours, pas seulement dans le sport ». Soutenir, valoriser, encourager sa conjointe à se dégager des créneaux d’entraînement.

Les différences de rapport à la compétition existent, mais doivent être comprises comme des modes de fonctionnement : « Lorsqu’il s’agit de se mettre dans des groupes de niveau, les femmes sous-estiment leur niveau, alors que les hommes se surestiment et explosent souvent en plein vol. »

Trail au féminin : Changer le regard… et se lancer

Enfin, les intervenantes insistent : il ne faut pas hésiter à prendre un dossard, il n’y a plus à douter de sa légitimité. Attention cependant à ne pas tomber dans les clichés lors des propositions (par exemple limiter les femmes à des sorties de 5 km alors qu’elles sont tout autant capable de faire 20, 40 km…), et à toujours poser les questions de la même manière pour tous.

Du côté des coachs, l’attention doit être égale : « Les besoins sont parfois différents, mais l’accompagnement doit être identique. »

Une conférence, un souffle d’optimisme

En conclusion, les intervenantes, soutenues par un animateur masculin, nicolas, discret mais concerné (speakeur de folie pour toute l’aventure ut4m également), soulignent des avancées notoires, notamment la montée de la bienveillance des hommes lors des courses, et la nécessaire confiance à accorder à chacun, femmes et hommes : « Ayons confiance en nous, les deux sexes doivent croire au potentiel du féminin. »

Article réalisé d’après la conférence « Comment inviter plus de femmes à pratiquer le trail », prévue par l’organisation de l’UT4M, et placée intelligemment une heure avant le briefing des courses. Ce choix a permis à un public plus large d’y assister, y compris peut-être des personnes qui, à première vue, ne se sentaient pas directement concernées.

Preuve que ce sujet de trail au féminin touche, en réalité, tout le monde : femmes, hommes, enfants, ados… et que chacun a un rôle à jouer pour faire évoluer les mentalités et la pratique du trail au féminin.. Corff Mag y était, et vous livre l’essentiel, comme si vous y étiez. On attends avec impatience vos retours et vos pensées sur ce sujet.

Corff Mag s’est également penché sur tous les traileurs en general avec un bel article écrit par Florian juste ici !



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