BACKSTAGE D’UN ULTRA : L’ASSISTANCE

L’échappée Belle 2025 : Carnet de bord d’une assistance réussie.

asssitance l'echappée belle

L’ultra-trail, ok on connait !  Des mois de préparation, des centaines d’heures à courir, à gravir des sommets de jour comme de nuitpour que le jour J, le coureur soit « Ultra » Prêt !

Pourtant, ce qu’on oublie trop souvent, c’est que derrière chaque coureur se cache une équipe de l’ombre. Commençons par la famille qui soutient son futur héro, s’adapte à son rythme, sacrifiant les fondants au chocolat, les Saturdays Night Fever, tout en supportant les odeurs on ne peut plus exotiques post sortie longue ! Un régal !

Un autre acteur discret mais essentiel qui fera le clou de notre article : l’assistance

Le Pleynet – Base de vie – Echappée Belle 2025

Croyez le, être assistant ne se limite pas à une simple balade du dimanche ou à couper des oranges. C’est une discipline en soi, un ultra en parallèle, avec son lot de stress, de nuits blanches et de stratégies. Et tout comme pour l’ultra, il ne s’agit pas d’improviser, mais de se préparer minutieusement, avec soin !

Corff Mag vous invite à découvrir les clés d’une assistance réussie dans les coulisses d’un ultra-trail et non des moins exigeants : l’Échappée Belle, que Serge FORTINI le CEO du Mag, a couru le 22 août dernier, accompagné de Sandra COCHINI, qui partagera avec nous son expérience étape par étape pendant ces 38 heures de course.

Prêt à vous lancer dans l’assistance ? Vous êtes au bon endroit ! Dans cet article, nous vous proposons des conseils pratiques et des astuces essentielles pour vous préparer au mieux.

Découvrez en images tout ce qu’il faut savoir pour devenir un assistant « finisher »

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La préparation, la clé du succès 

Côté assistance

Un bon plan d’assistance s’appuie sur les objectifs du coureur et ses attentes. Il est donc crucial que ce dernier se prépare en amont avec ambition tout en gardant un salutaire réalisme :

  • Fixer son objectif : Qu’il s’agisse de battre son record personnel ou simplement être finisher, avoir une vision claire de son objectif cible est essentiel pour se projeter.
  • Déterminer ses temps de passage prévisionnels : Etablir une fourchette haute et basse
  • Préciser les points de rencontre avec son équipe d’assistance : Anticiper ses besoins sur chacun des points [jour – nuit ]
  • Lister ses besoins spécifiques : changement de chaussures ? Nutrition ?  vêtements de rechange, matériel électronique, chargeurs…
  • Préparer son sac de « start » et le ou les sacs de base de vie selon la typologie de l’Ultra
  • Dresser la liste de tous ses besoins pour les différents points d’assistance et préparer le matériel en conséquence en fonction de la stratégie établie.

Des imprévus peuvent survenir du côté de l’assistance, comme une crevaison ou un embouteillage, ou la fermeture du tunnel du Mont Blanc [ça sent le vécu 😊].

Il est donc judicieux de ne pas dépendre uniquement de son assistance. L’organisation a généralement tout prévu pour que le coureur soit autonome. L’assistance, lorsqu’elle est autorisée, vient simplement renforcer le soutien logistique de la course.

Et n’oublions pas : c’est le coureur qui mène la course, pas l’assistance dont la mission est de faciliter son parcours, sans prendre les rênes, sauf si le coureur commence à perdre un peu de lucidité en fin de parcours 😊.

Côté assistance

L’assistance doit jongler entre prévoyance et adaptabilité.

  • Prévoir son matériel : chargeurs externes, lampe frontale, thermos, pharmacie, vêtements adaptés, matelas, duvet …. Liste non exhaustive. Sans oublier la salvatrice chaise pliante et/ou un transat
  • Etablir sa logistique : Etudier le roadbook. Utilisez des applications comme Google Maps pour déterminer les meilleures options de stationnement. Évaluez également les itinéraires alternatifs en cas de fermetures de routes.
  • Calculer le Timing : Les temps de trajet d’un point à un autre, le temps en randonnée des points non accessibles en voiture, le fonctionnement et horaire des navettes selon l’organisation [ex UTMB] Et, évidemment, toujours prévoir une marge de sécurité.
  • Limiter la dispersion : mieux vaut assurer 3 points d’assistance bien calés que courir partout en générant du stress et finir par manquer un point de ravitaillement.
  • S’appuyer sur les outils de l’organisation : Pour l’Échappée Belle, le site [Accompagnants – L’echappée Belle] est d’une précision remarquable tant pour les coureurs que pour les accompagnants et mache un peu le travail.
  • Formaliser son plan d’assistance numériquement ou sur papier

« J’ai pour habitude d’imprimer le profil en format A3 et d’inscrire toutes les informations relatives au temps de passage du coureur, mes temps de trajet et d’autres remarques afin de m’y référer le jour J. Un vrai « doudou » d’assistance » nous explique Sandra.

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Et par-dessus tout : communiquer un maximum avec le coureur au fur et à mesure de la préparation. Ne pas hésiter à glaner des informations au directeur de course pour se donner une idée du champ des possibles.

Bon, préparer, c’est une chose, mais dans la réalité, il est possible que rien ne se déroule exactement comme prévu. L’assistance, ce n’est pas une science exacte : c’est une alchimie fragile entre organisation, imprévus, météo capricieuse et état de forme du coureur. Agilité et adaptabilité sont alors les maîtres mots de l’assistance.

Pour illustrer cela, Sandra vous emmène sur l’intégrale de l’Échappée Belle [152 km – 11000 D+] : un carnet de bord brut , où les prérequis rencontrent la réalité du terrain fidèlement raconté avec son cœur d’ultra-traileuse.

Carnet de bord Inside l’Échappée Belle by Sandra

Malgré ma préparation minutieuse, j’ai complètement changé mes plans la veille de l’épreuve pour mes 2 premiers points d’assistances après un échange avec le directeur de course. Ce qui semblait « jouable » fièrement affiché sur mon plan « doudou » n’était pas finalement réalisable ou trop ambitieux.

« Même en voiture c’est compliqué Belledone » me glisse avec bienveillance Florent Hubert.

Florent Hubert Président de l’association de l’Échappée Belle

Même si cela vous semble évident, avant votre périple, faite le plein de carburant car n’espérez pas trouver à tous les coins de rue une station-service dans les endroits reculés de montagne « que néni » ! Pour ma part j’ai fait plus de 300km sur cette ultra assistance.

Mes recos : Partir avec le plein et assurer vos arrières sans attendre d’être à sec, ça serait dommage de rater votre mission pour une banale panne d’essence [oui ça arrive !]  

La logistique !
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Top départ : Vizille – Plateau de l’Arselle k17

5 h du matin, Vizille s’éveille dans la fraîcheur d’août. La place est envahie de frontales qui dansent, de sacs gonflés à bloc, de visages concentrés. Le départ, c’est toujours un frisson : les coureurs prêts à s’élancer pour 152 km et 11 000 m de D+ et moi parmi d’autres accompagnants, staff, bénévoles et journalistes qui resteront sur le tarmac.

Ce matin je vibre mais de l’autre côté de la course et déjà en mode mission. Je ne franchirais pas l’arche, mais mon ultra commence ici.

Start 🏁

Deux, trois photos pour immortaliser la tension du départ, un dernier encouragement, et le flot de coureurs s’élance dans la nuit encore épaisse. Pas le temps de traîner : je saute dans ma voiture en direction du premier ravitaillement au kilomètre 17.

Il me faut une demi-heure pour y arriver. Les routes sont désertes, encore plongées dans un demi-sommeil. Je me gare facilement, un luxe qui ne durera pas toute la journée. Il est à peine 6 h quand je m’installe. Ici, je ne suis pas attendue : c’est ma surprise pour le coureur et une sorte de répétition générale avant la longue journée qui nous attend.

Je déballe méthodiquement compotes, gels, barres sur une des tables de l’orga :  tout est prêt quand le jour se lève. L’ambiance déjà est très festive au petit matin.

R1 Plateau d’Arselle

À 7 h 36, Serge arrive très frais ! Normal ! A ce stade il n’a pas besoin de grand-chose, mais la surprise est sympa et rassurante. On retire la frontale de la nuit, je récupère les emballages vides, recharge les flasques : à gauche, l’iso et à droite, les pastilles l’électrolyte fidèlement à ce que nous avions convenu. 

Ce premier contact est simple, fluide, efficace : un échange de regards, le smille, quelques mots et ça repart.

Mes tips : Sortir à chaque fois tout le contenu du sac ravitaillement : barres, gels, compotes, purées….L’idée, c’est que le coureur visualise tout et pioche selon ses envies du moment.

Premier stop réussi, premier souffle de confiance. L’échauffement est terminé : la vraie journée d’assistante ne fait que commencer.

Plateau de l’Arselle/Jean Collet k38

Cap sur le refuge Jean Collet au 38e kilomètre. Une heure de voiture, deux heures de randonnée technique m’attendent, tandis que Serge mettra trois heures et demie pour y parvenir.

Le timing est serré d’autant plus que le GPS semble vouloir me faire emprunter en voiture des sentiers inaccessibles. C’est ainsi que je me retrouve avec d’autres assistances dans un « cul de sac » et avec le stress qui monte ! Mais nous finissons par arriver au parking.

Sac sur le dos, chargée de tout le nécessaire et même du superflu – on ne sait jamais – je grimpe à vive allure ses 700 D+ car le Live Trail le donne pour midi.

Début de l’ascension vers le refuge Jean Collet

Le sentier est exigeant : passages aériens, cordes, vide sur le côté… une montée réservée aux accompagnants avertis. En haut, la réalité se rappelle à moi : le live trail n’est pas toujours fiable, et j’aurais mieux fait de me faire confiance et me fier aux temps de passage prévus au lieu de stresser. Finalement je suis « large » puisque j’attendrais le coureur près d’une heure et malheureusement sous une météo qui nous privera de la magnifique vue. Dit donc, ça caille là haut !

1h45 de randonnée très aérienne

L’ambiance au refuge est rude mais organisée. Les bénévoles accueillent les coureurs avec efficacité, et moi je m’installe à une table, disposant soigneusement mon « barda ». Quand Serge apparaît enfin, je vais à sa rencontre et le guide vers son ravitaillement.

Refuge Jean Collet dans la brume

Débrief rapide des derniers kilomètres, 2 ou 3 boutades histoire de jauger son état : tout va bien ! Contrairement à moi qui n’ai pas pu résister à la délicieuse soupe et malgré le froid il préférera l’apéro ! Coca, saucisson, fruits sec …. Avant de repartir dans la brume.

Reco : Même si vous avez suffisamment de temps devant vous, filez directement sur le point suivant le « on ne sait jamais » peut couter cher. Être pragmatique et réaliste, souvent le live trail peut être capricieux.

Ravitaillement Jean Collet

Jean Collet/Le Pleynet k68 – La base de vie

Après Jean Collet, le rythme change : j’ai enfin un peu de marge. La tension des premiers arrêts retombe et je peux savourer la redescente jusqu’au parking de Pré Marcel en blablatant avec d’autres accompagnants.

Direction maintenant le Pleynet, la base de vie du 68ᵉ kilomètre. Il est 16h et j’ai une heure de route alors que Serge est attendu entre 18H30 et 20h00 selon nos « fourchettes« . Il arrivera finalement vers 21 h.

Font de France – le Haut Breda

Sur la route, je fais une halte à 15 min du Pleynet plus précisément à Font de France au départ de la Sky Race. Je recommande car la guinguette au bord du lac est juste parfaite pour une halte gourmande. Rassasiée, après une douche salutaire, les dents brossées et des vêtements propres pour affronter la suite, je suis neuve !

Mes reco : L’assistance, c’est aussi savoir prendre soin de soi pour rester efficace et se sentir bien. Objectif : Ne jamais sentir plus mauvais que le coureur !

J’arrive au Pleynet avant aux alentours de 18H. Ici tout est impeccablement organisé. La base de vie est outdoor. Dans le complexe, toutefois une salle avec lits de camp est prévue, les kinés déguisés et complétement dégantés mettent une ambiance de dingue. Je flanne un peu et blague avec des sudiste….  

Et tout à coup c’est à nouveau le stress ! je check son live Garmin et le voit au 55ème km. Mais il va bientôt arriver ! J’avais oublié ou surtout mal écouté le débrief d’avant course car une boucle de contournement rallongera ici le circuit de 5/6 km donc ici nous sommes plutôt au 68k vs 63k sur le papier.

Le Pleynet Les Sept Laux / Base de vie

Mes reco : Ne pas négliger le brief de la course, des informations de dernières minutes : changements, météo… peuvent s’avérer primordiale pour la suite

Je recherche vite une place stratégique près du ravitaillement et à l’abri d’une éventuelle pluie. Je déplie fièrement ma petite table, installe mon transat, et ma fidèle cape polaire du Marathon de New York. En récupérant le sac de délestage, je relis mes notes pour préparer tout le nécessaire pour le coureur : power bank, lampe frontale, vêtements de nuit… Un véritable stand de luxe l’attend, du moins c’est ce que je pensais ! 😊

Car en papillonnant dans ce camp de réfugiés « traillistique » et je remarque que certains assistants déploient des moyens impressionnants : réchauds, plats chauds raffinés, décorations personnalisées et panneaux d’encouragement. Alors que j’étais fière de mon « stand » de luxe, je me sens presque ridicule. Pour remonter le niveau, je décide de surprendre mon coureur avec une pizza chaude, achetée au restaurant voisin. Là, je suis en place !

Note pour plus tard : le réchaud

À son arrivée, il est en pleine forme pour ce milieu de course. Tout roule comme prévu : remplissage des flasques, gestion des déchets, vérification du sac, changement de batteries…. Il enfile ses habits de nuit, se restaure [je finirais la pizza 😊] et prend quelques minutes pour souffler après une belle interview.

Il repart avant 21 h, un peu en retard sur son timing à cause du détour. Pour l’instant, pas question de parler chrono, c’est beaucoup trop tôt.

Arrêt au stand au Pleynet

Nous vérifions ensemble ce qui l’attend ; la nuit à venir, exigeante en technicité, sera cruciale pour beaucoup. Je le retrouverai dans une vingtaine de kilomètres à Gleyzin. Je sais qu’il n’est pas fan de ces horaires, et c’est souvent là qu’il connaît quelques soucis. Mais voyons la suite …

Mes reco : Ne pas parler de « timing » trop tôt, un ultra c’est jamais gagné ou perdu d’avance, c’est magique ou fatal. Visualiser avec le coureur la prochaine étape : kilomètres, dénivelés et ravitaillement intermédiaires avant votre futur rencontre.

Le Pleynet/Gleyzin k85 : Début des hostilités

Après le départ de Serge du Pleynet, je remballe méthodiquement tout le matériel. Direction Gleyzin, 85ᵉ kilomètre, où il est attendu autour de minuit selon nos prévisions. J’ai un peu de marge, mais je pars sans traîner et je fais bien.

La route est très pentue, sinueuse et étroite, ce qui me retarde un peu. Grâce à mon pass-média, j’ai pu monter en voiture jusqu’au ravitaillement, mais j’en viens à me demander si la navette n’aurait pas été plus pratique.

Gleyzin k85

Finalement, je trouve une place près du petit site et décide de profiter du calme. J’installe mon lit à l’arrière de la voiture après une toilette de chat : duvet, lampe de camping, chargeur, je suis finalement fière de mon « hôtel de luxe ».

Hôtel 4* à Gleyzin une nuit d’ultra

 Après avoir vérifié les installations et mangé une soupe chaude, j’arrive à dormir une heure malgré le froid ambiant. Le ravitaillement est simple, efficace et chaleureux : une tente pour le ravitaillement avec table et bancs, ainsi qu’une autre tente pour le repos des coureurs, surveillée par un bénévole maitre du temps.

À minuit et demi, je commence à me préparer. Il est attendu pour 1h du matin, alors je rejoins tranquillement la tente de ravitaillement. À peine arrivée, je reçois un message de Serge : « Tu es où ? ». Il est déjà là ! Petit stress : je déballe tout en vitesse et le guide vers une tente pour qu’il puisse s’allonger. Il ne se sent pas au mieux : fatigue, froid, maux de ventre, et écœurement. Il prendra 25 min de repos.

Installations à Gleyzin

Pendant ce temps, je prépare la suite : nouvelles chaussures, vêtements chauds pour la nuit, batterie full, téléphone chargé, sac optimisé pour la prochaine section.

À son réveil, il semble plus lucide. Je prends le temps de l’écouter et nous visualisons la suite. La prochaine section s’annonce difficile, avec le redouté Col du Morétan à franchir en pleine nuit.

Après quelques mots rassurants et un peu de chaleur, il repart plus confiant, prêt à affronter cette longue portion. On ne se reverra plus jusqu’au petit matin.

À ce stade, il a deux heures de retard par rapport aux prévisions les plus pessimistes, mais je connais le garçon et je reste confiante.

À venir le redoutable Col du Moretan

Mes Reco : S’équiper pour les nuits d’attentes sans négliger son confort : duvet, lit de camp, tente … Un van pourrait sembler idéal mais coté parking c’est moins pratique.

Gleyzin/Super Collet 105 k : Retour d’une nuit d’enfer

1h30 du matin : je redescends et la route semble plus facile de dans ce sens. Le sommeil me gagne, mais je veux quitter ce cul-de-sac. Je dépose au passage un coureur qui abandonne la course. Il me raconte avec déception mais réalisme ses déboires et semble rassuré de retrouver sa compagne.

Super Collet : Une nuit d’échange et de Chamallow

En moins de quarante minutes de voiture, j’arrive à Super Collet. Je découvre un site chaleureux malgré le froid mordant : deux grands feux autour desquels nous pouvons nous réchauffer en grillant des chamallows et partager nos histoires de « joyeux assistants » un moment suspendu car ici, pas de réseau ! nous sommes coupés du monde, ce qui oblige tout le monde à lever le nez des téléphones et favorise les échanges. J’ai adoré ce moment.

J’harcèle les rares personnes avec un semblant de réseau et j’apprends qu’il est reparti à 7h du dernier ravitaillement. Ouf ! Avec mon deuxième téléphone, j’arrive à envoie un message. Je ne l’attends pas avant 8h, ce qui me laisse le temps de faire une sieste et de me faire un brin de toilette.

Soupe, Cappuccino et pain au chocolat pour l’assistance

La zone de ravitaillement est près du restaurant de la station où je rêve de prendre, dès l’ouverture, un cappuccino et un bon pain au chocolat. En attendant, j’organise la table et je tente de monter à sa rencontre. Mais je redescends bredouille, il est plus en retard que prévu.

Alors que je m’inquiète un peu, il arrive enfin et avec un grand sourire ! Je l’installe et il me raconte sa nuit d’enfer : chute, mal de ventre et une sieste salvatrice. Ici, c’est un véritable ravitaillement de renaissance : vêtements secs, soupe, pâtes et un petit Muffin [que je finirai]. Je refais le plein de son sac, mais maintenant, les flasques ne contiendront que de l’eau pétillante, et certains gels ne passeront plus. Je prends note pour les prochains points.

Le jour se lève, promettant une belle journée, ce qui lui redonne confiance, d’autant plus que son Pacer sera au prochain point. J’ai hâte de partager quelques heures avec lui.

Mes Reco : toujours avoir deux téléphones avec des opérateurs différents. Les échanges via WhatsApp ou Instagram deviennent inutiles sans réseaux ! un simple appel direct peut sauver une logistique. N’oubliez pas de noter les numéros, comme à l’ancienne.

Super Collet/Val Pelouse k122 – Nouveau départ

10 h. Je quitte le Super Collet pour Val Pelouse. Une heure de route sinueuse plus tard, le réseau réapparaît enfin. Je m’occupe à poster toutes les stories en retard pour donner des news de mon périple.

À Val Pelouse, Dorian, le Pacer m’attend et avec les croissants s’ils vous plaît ! Cette fois, j’ai du renfort pour monter la table et le ravitaillement. Nous faisons un point rapide sur l’état du coureur : fatigue de la nuit, moral, de forme et les pronostics vont bon train.

L’ambiance sur place contraste totalement avec les ravitaillements nocturnes : soleil éclatant, food trucks, concerts et une vue à couper le souffle. Je prépare soigneusement la zone de ravitaillement et, pour rompre avec la routine des gels et compotes, j’opte pour des douceurs : tarte aux myrtilles, mini-snickers et salade fraîche, tout en déclarant avoir mérité ma bière.

À 13h55 Serge arrive, trainant toujours ses 2 heures de retard mais, avec un mindset incroyable. Le duo qu’il forme avec Dorian respire déjà la complicité, et ce ravitaillement semble marquer un nouveau départ. Requinqué, il repart plein d’énergie, et je suis soulagée, sachant que la remontada va commencer.

Le sourire très confiant de l’assistance !

C’est l’avantage d’avoir déjà assisté plusieurs fois le coureur : au fil des expériences on commence à comprendre le fonctionnement de la machine. Je me dépêche donc de ranger le matos et prends la direction la dernière étape avant l’arrivée. J’ai 45 min de route, du gazoil, la pêche ! Je suis euphorique !

Mes reco : toujours prévoir des aliments « surprises » pour casser la routine : Pizza, Muffins, spécialités locales. J’avais même tenté les sushis sur l’UTMB 😊

Le Duo final

Val Pelouse – Bourget-en-Huile k136 – La famille

À Bourget-en-Huile, je ne serais pas seule non plus car Marie, la chérie du coureur et leur fils sont là.  Je sais que leur présence sera un boost monumental. Avec eux, je profite de ce moment pour souffler : toilette de chat, vêtements de jour, short et t-shirt propres. Je sens enfin bon, même si tout autours ça sent l’écurie… Je pourrais être fatiguée mais non je suis survoltée comme si j’allais moi aussi passer cette finish line.

Bourget en Huile – The Last one

On s’installe à l’ombre, tout près de la pelouse en anticipant son irrésistible envie de s’y allonger. Le soleil tape fort, alors on commande des boissons fraîches au restaurant voisin : Coca, Orangina salutaire, et surtout, une crêpe salée dont il me parlait déjà depuis deux ravitos. Toujours l’idée des aliments « chouchou » pour casser la monotonie.

Tout est prêt quand le duo Serge–Dorian surgit à 16 h 45. Déjà !!!. Je savais qu’il allait faire mentir le Live Trail. Et BIM ! 45 min d’avance !

Dernier Check !

Le sourire aux lèvres, il s’accorde un bref arrêt, croque dans sa crêpe, et après avoir checké rapidement le profil des 16 derniers kilomètres, le duo repart « déter » comme jamais ! L’assistance est très fière et la famille aussi, le petit cours fièrement dans les traces du papa, caméra à la main.

Bourget-en-Huile – Aiguebelle : l’apothéose

Avec Marie et César, on plie bagage, prenons qu’une voiture et filons vers Aiguebelle. Fini le gros sac à dos, ici juste les habits de lumière pour après la cloche suffiront.

Sur le site, l’ambiance est électrique : le speaker, la musique et la cloche qui résonne à chaque finisher… C’est la fête !!

L’euphorie se mêle au soulagement, et la tension des deux derniers jours s’évapore lentement. J’éprouve un véritable sentiment d’accomplissement, même s’il est différent de celui que je ressens quand je fini un ultra mais c’est pas si loin.

L’arrivée avant la nuit : Mission accomplie !

À 19 h 45, après 38 h 36 de course, Serge surgit sous l’arche faisant encore mentir le pronostique. L’émotion explose. La cloche retentit. Derrière mes lunettes, j’essuie discrètement mes larmes : mission accomplie. Et je savoure ce moment, discrètement dans l’ombre des groupies 😊

Pour moi, le rôle d’assistance ne s’arrêtera pas à la ligne d’arrivée : je pars à la rencontre du Pacer qui arrivera quelques bonnes minutes plus tard en ayant tout donné pour accomplir lui aussi sa mission. Bravo Dorian !

La team : assistance et Pacer

Alors oui, j’ai vibré , car quand on est passionnée d’ultra-trail, que l’on est addict de sport, d’effort et de partage, c’est juste une évidente vibration et surtout une magnifique aventure d’amitié et de partage inoubliable.

Avec l’Echappée Belle, je signe ma quatrième assistance pour ce coureur. Bien que notre expérience permets de scénariser chaque course, chaque assistance est unique. On peut établir un plan A minutieusement préparé, mais il est essentiel d’avoir toujours un plan B… et parfois même un plan C.

L’heure du debrief !

Quand la ligne d’arrivée tombe, l’assistance fait aussi son bilan avec le coureur.

  • Qu’est-ce qui a fonctionné ?
  • Qu’est-ce qui était superflu ?
  • Qu’est-ce qu’on fera mieux la prochaine fois ?

Car oui, l’assistance apprend, progresse, se perfectionne comme le coureur. Et si le traileur finit son épreuve avec fierté, l’assistant, lui, peut aussi se dire : j’ai gagné !

Merci Sandra de nous avoir partagé ce récit et ces recommandations tant au niveau de la préparation que sur le terrain.

« Être assistant, c’est composer avec l’imprévisible, improviser sans jamais perdre de vue l’essentiel : soutenir son coureur, coûte que coûte« 

C’est une course dans la course, une aventure parallèle, exigeante, intense et profondément humaine. Alors vous êtes prêts ?

Après avoir découvert la course côté assistance, passez de l’autre côté de la barrière: au plus près d’un coureur, pour vivre ses émotions et traverser ses doutes.

Et si ça vous a donné envie de prendre un dossard et de vous lancer on a pas mal d’idées dont une, juste ici

1 Comment

  1. Bravo Sandra et toutes les assistances ! Chez Raidlight, on dit souvent « la marque de tous les finishers »… mais un athlète n’est rien sans son équipe, sa famille, ses amis au bord du chemin. Vous êtes les héros de l’ombre, ceux qui permettent d’aller au bout 💪🌟.

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